Les stablecoins sont la plus grande arnaque du siècle
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Cet article est un résumé de l’entretient de Michel Khazzaka sur Surfin’ Bitcoin.
Les stablecoins et leurs modèles de revenus (source)
Comment fonctionne vraiment la monnaie aujourd’hui ?
Pour comprendre les stablecoins, il faut d’abord comprendre la monnaie bancaire, car c’est elle que nous utilisons tous les jours.
La monnaie bancaire est une promesse
Quand vous voyez 1 000 € sur votre compte bancaire, ce ne sont pas 1 000 € que vous possédez réellement ; ce sont 1 000 € que votre banque vous doit.
La seule vraie monnaie est celle de la banque centrale :
- les pièces ;
- les billets ;
- les comptes des banques commerciales auprès de la banque centrale (réserves).
Nous vivons donc dans un système à trois étages :
| Niveau | Qui ? | Quel type d’argent ? |
|---|---|---|
| 1 | Banque centrale | monnaie ultime (incontestable) |
| 2 | Banques commerciales | promesses de monnaie |
| 3 | Clients | soldes bancaires (promesses des banques) |
Les paiements entre banques
Quand vous payez quelqu’un qui est dans une autre banque :
- Votre banque doit retirer des réserves sur son compte à la banque centrale.
- Elle les transfère à l’autre banque.
- Les écritures comptables changent.
C’est un système fermé, lent et coûteux car pour 100 € envoyés, les banques doivent réellement déplacer 100 € de monnaie centrale.
Les paiements entre pays
Les payements internationaux sont encore plus compliqués.
Les banques doivent passer par des banques correspondantes qui ont des comptes dans d’autres
pays.
Cela ce traduit par :
- 2 à 7 jours de délai ;
- des frais élevés ;
- une dépendance totale au dollar américain.
Ce système explique en partie pourquoi les stablecoins ont explosé : ils permettent d’envoyer de la valeur comme un message WhatsApp ou un email, instantanément et partout dans le monde.
Pourquoi les stablecoins ont-ils été créés ?
Contrairement à l’idée reçue la plus commune, les stablecoins n’ont pas été créés pour “stabiliser” le prix des cryptos.
La raison réelle est l’impôt
En Europe et aux États-Unis, quand vous vendez une cryptomonnaie, vous déclenchez un événement fiscal (plus-value).
Les spéculateurs/trader voulaient pouvoir sortir de la volatilité sans payer d’impôts tout en restant dans l’écosystème crypto ; les stablecoins ont offert une solution car ils permettent de garder une valeur “stable” sans revenir dans la monnaie taxable.
Des paiements instantanés, mondiaux
Les stablecoins ont aussi permis des envois immédiats à des coûts très faibles, disponibles 24/7 et
aucune banque intermédiaire.
Ils sont devenus un système de paiement parallèle à celui des banques.
Comment fonctionne un stablecoin ?
Prenons le cas du plus grand : Tether (USDT).
Pour chaque USDT émis par Tether il y a exactement 1 dollar
réellement déposé dans une banque; on appel ce dépôt un collatéral.
Mais ce dollar ne dort pas ; les dollars déposés sont investis, Les émetteurs achètent sont obligés par l’État
d’acheter des bons du Trésor américain (les
T-Bills) qui financent le gouvernement américain.
Ces bons rapportent des intérêts et c’est là que le modèle économique de Tether (dans notre exemple)
apparaît.
Le business modèle des stablecoins
Les émetteurs gagnent de l’argent via :
- Les intérêts sur des centaines de milliards de dollars déposés. Ce sont les plus grosses recettes.
- Les commissions lors de l’achat/vente du stablecoin.
- Les frais sur les transactions.
Tether est ainsi aujourd’hui l’une des entreprises les plus profitables du monde alors qu’elle a moins de 100 employés.
Le problème fondamental est la “double dépense”
Quand quelqu’un crée 100 USDT pour vous :
- Vous devez déposez 100 $ qui seront investis dans la dette américaine via des Bons du Trésor américain.
- Vous recevez 100 USDT que vous pouvez dépenser
Le même dollar est donc dépensé deux fois, une fois pas le gouvernement, une autre fois par vous :
- Le gouvernement américain dépense le dollar “réel” (via les Bons du Trésor)
- Vous dépensez le dollar “tokenisé”
C’est ce que Michel Kazaka appelle humoristiquement la double dépense quantique.
La conséquence directe est l’inflation
Comme 1 dollar réel circule dans l’économie américaine et 1 dollar numérique circule dans l’économie
crypto, la masse monétaire effective augmente ; cela crée de l’inflation globale.
Même si les montants semblent petits aujourd’hui, les projections montrent une inflation
additionnelle de 3 à 6 % si la croissance continue[1].
Pour Michel Khazzaka, le Genius Act (obligation d’acheter des Bons du Trésor US) accompagné de la réglementation MICA (interdiction de rémunérer le détenteur) seront le cause de l’inflation causée par les stablecoins.
Pourquoi Donald adore les stablecoins ?
Le Genius Act
Le Genius Act[2] est une idée brillante pour financer la dette américaine et D. Trump l’a très bien compris : les stablecoins reposent sur des dépôts en dollars, ces dépôts achètent des bons du Trésor Américains et donc la planète finance la dette américaine.
Les utilisateurs du monde entier qui achètent de l’USDT financent sans le savoir la dette américaine., c’est une sorte d’impôt mondial volontaire, sans vote, sans débat.
C’est pourquoi D. Trump c’est empressé de stopper la CBDC[3] américaine et a encouragé massivement les stablecoins, les plaçant comme un outil géopolitique majeur.
Pourquoi l’Europe freine les stablecoins ?
L’Europe craint deux choses :
- Que l’euro perde son rôle dans les paiements car, si les Européens payent en USDT, l’euro devient marginal, les banques commerciales perdent des dépôts et la BCE perd le contrôle de la politique monétaire.
- Que les citoyens fuient le système bancaire car les stablecoins rapportent des intérêts (aujourd’hui captés par Tether) que les banques ne peuvent pas proposer.
Afin de ralentir l’adoption des stablecoins en euro la réglementation Européenne MiCA a :
- limité les montants détenus en stablecoins ;
- interdit la rémunération des détenteurs de stablecoins ;
- restreint les opérations.
On notera le manque d’étique de l’interdiction par MICA de rémunérer le détenteur de stablecoins alors que celui les a généré sera lui gratieusement rémunérer.
L’Euro numérique (CBDC) expliqué simplement
L’euro numérique N’EST PAS une nouvelle monnaie
Selon la BCE elle-même l’euro numérique n’est pas une monnaie[4] car il ne répond pas aux fonctionnalités d’une monnaie :
- Il y a un plafond de détention (ex : 3 000 € max) ;
- Les commerçants ne peuvent pas le garder, il est instantanément reconverti en Euro, il n’a pas de pouvoir libératoire ;
- Il n’est pas une réserve de valeur.
L’euro numérique est simplement un moyen de paiement moderne, pas une monnaie.
Pourquoi la BCE crée l’Ero numérique ?
Pour moderniser l’équivalent du billet physique :
- garantir que l’euro reste utilisé dans les paiements du quotidien ;
- concurrencer Visa et Mastercard qui sont Américains ;
- conserver un ancrage de confiance dans la monnaie centrale.
C’est une réponse défensive, pas un projet d’hégémonie mais des craintes de contrôles plus ou moins fondées existent :
- Traçabilité totale des paiements sauf pour les petites transactions (≈ <50 €) qui pourraient être hors ligne et privées, ;
- Blocage ou refus de paiement (économiquement non viable à grande échelle car la monnaie repose sur la confiance) ;
- Plafonds de détention car la BCE veut éviter un bank run numérique (que tout le monde vide sa banque pour stocker de l’euro numérique) ;
- Monnaie qui “expire” ou impose un usage : la BCE a explicitement rejeté ce scénario, mais techniquement, une CBDC pourrait permettre ce genre de mécanismes dans un futur plus ou moins lointain ;
- Centralisation accrue du pouvoir monétaire par l’État ;
- Surveillance financière étendue avec un suivi automatisé des habitudes de consommation, un profilage financier et des analyses comportementales sophistiquées ;
- Contrôle fiscal renforcé.
Bitcoin est une alternative monétaire sans dette
Face aux stablecoins qui sont de la dette privée et aux CBDC qui sont de la dette publique le Bitcoin est une monnaie sans dette.
Ses caractéristiques bien connues :
- quantité finie (21 millions) ;
- pas de banque centrale (blockchain décentralisée) ;
- pas d’inflation arbitraire ;
- pas de contrepartie obligatoire ;
- réseau mondial accessible à tous (resistant à la censure).
Bitcoin se positionne comme un actif stratégique au même titre que l’or.
Les États commencent à en accumuler
- Les États-Unis ont créé une réserve nationale passive (25 milliards de $ déjà) ;
- L’analyse de la Deutsche Bank sur le Bitcoin révèle que le Bitcoin suit le même chemin historique d’adoption et de valorisation que l’or. La Deutsche Bank considère donc à ce titre que les banques centrales seront probablement obligées d’en acheter dans les années à venir.
Modèle stratégique pour un État comme la France
Si la France achetait seulement 0,5 % de son PIB par an en Bitcoin, elle pourrait effacer une partie majeure de sa dette en 20–25 ans même en prenant un modèle de croissance logarithmique très pessimiste de la valeur du bitcoin ; c’est la première technologie permettant une telle stratégie.
Pour conclure
Nous sommes aujourd’hui devant trois systèmes monétaires :
| Système | Type de monnaie | Atout | Problème |
|---|---|---|---|
| Stablecoins (USDT…) | dette privée | paiements rapides, adoption mondiale | inflation, double dépense |
| Euro numérique (CBDC) | moyen de paiement public | modernisation, souveraineté | pas une vraie monnaie |
| Bitcoin | monnaie sans dette | réserve de valeur, liberté réelle | volatilité court terme |
Ces trois systèmes vont coexister, mais Bitcoin est le seul :
- non relié à une dette ;
- non relié à une banque ;
- non relié à un État ;
- avec une politique monétaire immuable.
C’est ce qui fait de Bitcoin une alternative simple et robuste dans un monde où les dettes explosent.
L’affirmation selon laquelle les stablecoins provoqueront de l’inflation est complexe et dépend du contexte et du mécanisme impliqués. Les stablecoins liées aux monnaies fiduciaires comme le dollar américain ne sont pas intrinsèquement inflationnistes au sens traditionnel du terme, car leur valeur est liée à la monnaie sous-jacente, qui elle-même est soumise à l’inflation.
Par exemple, si le dollar américain perd du pouvoir d’achat en raison de l’inflation, un stablecoin indexée sur le dollar comme l’USDT perdra également de la valeur au fil du temps, ce qui signifie qu’elle ne sert pas de couverture contre l’inflation de sa monnaie indexée.
Cependant, certains économistes affirment que les stablecoins peuvent contribuer aux pressions inflationnistes dans certaines conditions. L’une des principales préoccupations est que les émetteurs de stablecoins, en particulier ceux adossés à des titres du Trésor américain, augmentent la demande de dette publique.
Cela crée un marché captif qui supprime les rendements, réduisant ainsi les coûts d’emprunt pour le gouvernement – une forme de répression financière.
Si la confiance dans les stablecoins s’érode et que les rachats augmentent, les émetteurs pourraient être contraints de vendre des bons du Trésor, ce qui entraînerait une hausse des rendements et potentiellement une augmentation de la pression budgétaire.
Cette dynamique pourrait fausser les signaux du marché et, à terme, contribuer à une hausse de l’inflation si les taux d’intérêt réels tombaient en dessous du niveau nécessaire à la stabilité des prix. ↩︎Fiche d’information de la Maison Blanche ↩︎
CBDC = Central Bank Digital Currency = monnaie numérique de banque centrale. ↩︎
L’Euro numérique est nommé CBDC par la BCE ↩︎