Europe vassal des USA

🔗Traduction française de l’article de Arnaud Bertrand.
Nous avons atteint le summum du vassalisme européen ; même les serfs médiévaux avaient plus d’estime de soi.
La principale erreur de l’Europe sous Trump 1.0 a été de ne pas saisir cette opportunité pour obtenir une autonomie stratégique vis-à-vis des États-Unis, et le SMS de Mark Rutte montre que non seulement l’Europe commet exactement la même erreur sous Trump 2.0, mais qu’elle est même devenue encore plus flagorneuse et soumise, et ce, malgré une agressivité encore plus grande de Trump envers l’Europe cette fois-ci, menaçant littéralement d’annexer 98 % d’un État membre de l’UE et de l’OTAN (le Danemark) et 100 % d’un autre membre de l’OTAN (le Canada). Il a également lancé une guerre commerciale, au cours de laquelle il qualifie régulièrement l’Europe de « très, très méchante » et conçue pour « baiser » les États-Unis alors que c’est tout le contraire, d’autant plus que c’est la CIA qui a financer la construction européenne et que les euro-fédéralistes ont été financés par des chefs espions américains.
Les propos de Mark Rutte devrait choquer un Européen doté d’un minimum d’estime de soi :
- il félicite Trump pour son action « décisive » et « vraiment extraordinaire » en Iran. Bien qu’il s’agisse d’une violation flagrante du droit international et de tous les principes et normes auxquels l’Europe est censée se soucier. Et non, cela ne « renforce pas notre sécurité à tous », comme l’écrit Rutte avec embarras, bien au contraire.
- il consacre le reste du texte à lui expliquer comment « l’Europe va payer [pour l’OTAN] au prix fort » et comment ce « grand succès » sera la « victoire » de Trump. Car, fondamentalement, il ne s’agit pas que l’Europe remplace l’Amérique pour enfin se défendre, mais que l’Europe paie à l’Amérique un tribut plus important pour sa défense. Ce qui constitue une différence fondamentale.
Certes, il pourrait y avoir un scénario où Rutte se jouerait de Trump, essayant de le cajoler, tandis que l’Europe construit en coulisses une véritable autonomie stratégique. Mais je crains que ce ne soit là accorder beaucoup trop de crédit à Rutte. Une véritable manipulation stratégique ne s’accompagnerait pas de véritables capitulations politiques au service des intérêts américains, et pourtant c’est ce que nous constatons constamment.
L’Europe s’engage sincèrement à transférer des ressources massives aux entreprises de défense américaines (ainsi qu’à Big Pharma et Bilou [1]), tout en présentant cela comme une victoire personnelle de Trump, ce qui est absolument insensé quand on y pense. ; rappelons que 63% des commandes de défense de l’UE sont passées à des entreprises américaines)[2].
Cela en dit long sur la « démocratie » en Europe. Les citoyens européens méprisent presque unanimement Trump, seulement 9 % le considèrent comme un ami de l’Europe[3] et souhaitent massivement l’indépendance vis-à-vis des États-Unis, car ils comprennent que cela servirait les intérêts de l’Europe.
Pourtant, lorsque la démocratie, telle que je la comprends, se résume à des dirigeants censés représenter leur peuple et leurs intérêts, on obtient exactement l’inverse : des dirigeants qui semblent plus soucieux de plaire à un président étranger que leurs propres citoyens méprisent que de rechercher l’indépendance que ces derniers soutiennent massivement.
Il s’agit d’une inversion remarquable des principes démocratiques, où la souveraineté populaire a été remplacée par la déférence des élites envers le pouvoir extérieur.