Citations de Günther Anders

Les images, notamment lorsqu’elles submergent le monde, portent constamment en elles le danger de devenir un moyen d’abrutissement, parce que en tant qu’images, à la différence des textes, elles ne révèlent jamais les rapports qui constituent le monde mais se contentent de prélever des lambeaux de celui-ci : ainsi, en montrant le monde, elles le dissimulent.
– Günther Anders - L’Obsolescence de l’homme.

En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
– Günther Anders - L’Obsolescence de l’homme.

Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.
– Günther Anders - L’Obsolescence de l’homme.

Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels.
– Günther Anders - L’Obsolescence de l’homme.

[…] l’industrie telle qu’elle est devenue ne poursuit pas d’autre but que de livrer à l’obsolescence aussi vite que possible ses produits déjà vendus afin de garantir ainsi la continuation de sa production. Donc : « Si le progrès désigne encore quelque chose, c’est alors le progrès du périmé ».
– Günther Anders - La Haine.

Pathologie collective : alors que notre capacité à produire n’a aucune limite formelle, le monde qui en émane « excéderait absolument notre force de compréhension, la force de notre imagination et de nos émotions, tout comme notre responsabilité ».
– Günther Anders - La Haine.

La puissance de l’élite du prétendu « monde libre » veille depuis des années, avec la vigilance la plus aiguë et avec les moyens colossaux dont elle dispose pour façonner l’opinion, à ce que le terme « totalitaire » soit exclusivement circonscrit à son sens politique spécifique.
– Günther Anders - Le rêve des machines.

le principe de la dictature s’énonce ainsi : « si tu veux un esclave fidèle, offre-lui un sous-esclave ! ».
– Günther Anders