Bitcoin en 5 mots et trois concepts

Le bitcoin est un objet numérique

Cet article est disponible en Anglais

Cet article est basé sur les propos de Yves Choueifaty recueillis dans cet interview.

🔗Caractérisations du Bitcoin en 5 mots

Trois mots qui définissent le Bitcoin et qui sont communs aux monnaies fiduciaires.

  • Numérique
    Le Bitcoin est un objet numérique au même titre que l’Euro qui est une écriture numérique sur un compte bancaire.
    Ces écritures sont des reconnaissances de possession (en crédit ou en débit) à la différence qu’il ne peut pas y avoir d’écriture de dette en Bitcoin.
  • Infalsifiable
    Il est difficile de fabriquer de faux Euros et encore plus difficile de fabriquer des faux Bitcoin.
    À ce jour aucune fraction de faux Bitcoins n’a pu être générée malgré les efforts de nombreux chercheurs et hackers.
  • Échangeable de pair à pair
    Comme l’Euro, on peut donner des Bitcoins à son pair sans passer par un intermédiaire.

Les deux autres mots qui caractérisent le Bitcoin ne sont pas applicables aux monnaies fiduciaires comme l’Euro ou le Dollar.

  • Décentralisé
    La gouvernance du Bitcoin est décentralisée contrairement à l’Euro qui n’existe que grace à la banque centrale Européenne dont le conseil d’administration constitué d’un petit nombre de personnes possède le monopole de l’émission monétaire en Europe. Tôt ou tard ce genre de monopole abuse de sa puissance pour s’octroyer des rôles (moraux par exemple) qu’il ne devrait pas avoir car il ne devrait avoir que la stabilité des prix pour seule et unique mission (#TODO: pourquoi, référence).
    À l’opposé, la gouvernance du Bitcoin est décentralisée. Cela signifie que les statuts du Bitcoin sont contrôlables par tous. Le fonctionnement du Bitcoin est strictement défini par son algorithme et cet algorithme est ouvert (lisible par tous), librement distribuable et utilisable par tout le monde (nœuds du réseau). L’algorithme du Bitcoin ne peut changer que s’il est validé par tous les nœuds qui font tourner l’algorithme ; si un seul nœud refuse, le changement est refusé. Cela garanti qu’il y a très peu de chance que quelque chose de fondamental change dans l’algorithme du Bitcoin. Pour prendre le parallèle avec l’Euro, “l’algorithme de l’Euro” change à partir du moment où le conseil d’administration de la banque centrale Européenne le décide, c’est une gouvernance centralisée.
  • Rare
    Il n’y aura que 21 millions de Bitcoin, impossible qu’il y en ait plus à moins de changer l’algorithme ce qui, comme on l’a vu, est très peu probable et impossible sans l’unanimité. Il y a une très grande différence avec l’Euro ou le Dollar qui ont une masse monétaire illimitée, ce sont des monnaies dettes inflationnistes. On pourra se référer sur ce point à l’inflation est l’abondance accrue de la monnaie ainsi qu’à La politique monétaire et le contrôle de l’inflation).
    Pour fixer les idées, la valeur intrinsèque d’une pomme ne change pas en quatre ans alors que sa valeur mesurée en Euros change car en quatre ans l’Euro, lui, perd de sa valeurs intrinsèque. L’histoire montre que les monnaies à masse monétaire illimitée perdre de leur valeur au cours du temps, et que par conséquent les peuples qui les utilisent ont de moins en moins confiance en ces monnaies et ne souhaitent plus les stocker puis les utiliser.
    À ce titres le Bitcoin propose un stockage plus fiable et stable de la valeur car il n’y aura jamais plus de 21 millions de Bitcoin.

🔗Réflexions sur l’adoption du Bitcoin

L’instabilité du Bitcoin mesurée en Euro/Dolar actuellement provient de l’affrontement de deux scénarios :

  1. le premier scénario prétend que le Bitcoin vaudra 0 à plus ou moins long terme.
  2. Le deuxième scénario prétend qu’ un Bitcoin vaudra autour de 26 millions de Dollars d’ici 2050.

Le Bitcoin est une innovations disruptives qui peut changer le monde et qui nécessite par conséquent de faire le deuil du monde d’avant ; à ce titre il est soumis au cycle d’adoption en courbe de Kübler-Ross®.

Une des premières réaction face au Bitcoin à été le déni mais cette réaction est maintenant cantonnée à ceux qui ne s’intéressent absolument ni à l’économie ni à cette technologie et ses implications.

Vient ensuite une réaction de colère dont les trois moteurs sont :

  1. la morale
    • Le Bitcoin est mauvais pour la planète sans se poser la question de savoir si le système monétaire actuel est plus vertueux.
    • Le Bitcoin échappe au contrôle de l’état et constitue donc un danger pour la démocratie car la monnaie doit être contrôlée par un état pour être équitablement redistribuée et utilisée à des fins légitimes (qui décide de ce qui est légitime ?).
    • Autres… #TODO
  2. les conflits d’intérêt
    Tout comme les fabriquants de bougies voyaient d’un mauvais œil l’arrivée de l’électricité, les banques ont fort à perdre quant à l’adoption du Bitcoin.
  3. l’ignorance
    On a tendance à être plus critique face à quelque chose que l’on ne comprend pas ou mal que face à quelque chose qu’on a étudié et compris.

À ce jour (2025) le premier scénario qui affirme que le Bitcoin ne vaudra rien est en train petit à petit de se disqualifier car au lieu de regarder cette fantastique innovation sous le regard de la morale on commence à le regarder en terme d’utilité, d’efficacité et de légitimité. Car se demander si le Bitcoin est bien ou mal, c’est comme se demander si un couteau est bien ou mal… Ce n’est pas la bonne question !
La bonne question à se poser pour une innovation technologique serait de savoir s’il fonctionne, s’il remplit efficacement les rôles pour lesquels il a été conçu et, si c’est le cas, d’essayer d’en tirer un avantage, une utilité.

L’histoire de l’économie a avancé conjointement à l’étalon de mesure de la valeur. Un des premiers étalons de la valeur était certainement les pointes de flèches en silex parce qu’elles étaient vitales et difficiles à fabriquer.
Au fur et à mesure que la technicité/technologie a progressé, il a fallu changer d’étalon jusqu’en 1973 ou on a décidé que l’étalon serait le Dollar sans avoir à être adossé à l’or. Mais comme le souligne Friedrich Hayek, en particulier dans son livre La Route de la servitude, si un groupe de personnes bénéficient du monopole de l’émission monétaire, tôt ou tard, ils vont en abuser de façon autoritaire et dangereuse ; abus dangereux pour la monnaie elle-même car elle finit par se dévaloriser et perdre la confiance que doit inspirer un étalon.

  • Qui veut raisonnablement placer 200 000 Dollars en billets dans un coffre pendant 20 ans sachant que dans 20 ans il aura perdu au moins la moitié de sa valeur ?
  • Quel est l’intérêt d’échanger un produit aussi utile, rare et difficile à trouver qu’est le pétrole contre des billets qu’un pays peut émettre à volonté sans que ça ne lui coute rien ?
  • Quel est l’engagement que prend un état dans une obligation libellée dans sa propre devise qu’il émet à volonté sans que ça ne lui coute rien ?

La supercherie de l’étalon Dollar est en train d’atteindre sa limite et va changer radicalement la manière dont le Bitcoin est perçu et concomitamment sa valeur qui est très loin d’avoir atteint sa valeur de stabilité.