Le murumure de la rivière
« Zen, graine de sagesse » de Shundô Aoyama
Extrait du livre « Zen, graine de sagesse » de 青山 俊董 (Shundô Aoyama)
Le murmure de la rivière est le murmure même du temps.
Entre les berges de l’univers, le fleuve du temps coule sans arrêt.
Pierres, maisons, humains, idées, cultures… passent également.
Seul l’être humain se plaint de la nature transitoire des choses.
Voilà l’origine de la souffrance.
Ce n’est que dans ce continuel devenir, dans cette constante transformation que nous pouvons trouver la joie.
🔗Anitya
L’impermanence, également connue sous le nom d’anitya en sanskrit, est un concept central dans la
pensée bouddhique qui décrit la caractéristique de ce qui n’est pas permanent et qui change
constamment.
Dans le bouddhisme, l’attachement aux choses impermanentes est considéré comme une des principales
causes de la souffrance, car ce qui est impermanent ne peut pas être satisfaisant.
L’impermanence est une réalité universelle qui s’applique à tout, y compris aux relations, aux sensations physiques, à la personne que nous sommes, à nos objectifs de vie, etc.
Accepter cette réalité peut être difficile, car elle implique de lâcher prise et de ne pas chercher
à tout contrôler et en particulier ce qui est hors de notre contrôle.
Pourtant, cette acceptation permet d’ouvrir la voie à un changement et à un progrès
spirituel, car la prise de conscience et l’acceptation de l’impermanence de notre état actuel permet
d’évoluer et de s’ouvrir à des niveaux de conscience plus profonds comme l’interdépendance de toute
chose, la vacuité au sens spirituel du terme.
La compréhension de l’impermanence peut également nous aider à apprécier le moment présent et à vivre de manière plus détachée, en réduisant notre souffrance et donc en augmentant notre bien-être.
🔗Impermanence et attachement ?
L’attachement, au sens psychologique ou émotionnel, désigne le lien profond que nous formons avec des personnes, des idées, des choses ou même des identités. Cela commence souvent dès l’enfance, à travers les liens avec les figures parentales (comme l’explique la théorie de l’attachement), mais cela évolue et se manifeste sous de nombreuses formes tout au long de la vie : relations amoureuses, amitiés, carrières, croyances, habitudes, possessions…
🔗Pourquoi l’attachement provoque-t-il de la douleur ?
🔗1. L’impermanence
Tout change dans la vie ; les gens évoluent, les relations se transforment, les choses se perdent ou
se brisent, et nous-mêmes changeons.
Lorsqu’on s’attache à quelque chose ou quelqu’un, on résiste naturellement au changement ou à la
perte. Et quand cela se produit — inévitablement — on souffre.
Plus on s’accroche à l’objet de l’attachement, plus l’idée même de la perte est douloureuse.
🔗2. La peur de la perte
Même avant qu’une perte ne survienne, l’attachement engendre souvent de l’anxiété par projection et
anticipation de cette perte.
On a peur de perdre ce ou ceux que l’on aime, et cette peur devient une souffrance en soi.
🔗3. Les attentes et la dépendance
On peut s’attendre à ce que les autres nous rendent heureux ou nous complètent mais quand la réalité
ne répond pas à ces attentes, la déception et la douleur apparaissent.
Bien que la dépendance émotionnelle peut sembler agréable sur le moment, elle conduit souvent au
chagrin ou à une perte de soi.
🔗4. La fusion avec l’identité
Parfois, on s’attache à des rôles comme « être parent », son partenaire, sa profession, à des
idéologies ou à des objectifs au point de devenir ce à quoi on s’attache, s’identifier à eux.
À partir de ce moment, quand ces identités sont menacées ou disparaissent, on a l’impression de perdre une partie de soi.
🔗5. Les désirs non satisfaits
L’attachement naît souvent de désirs émotionnels comme la sécurité, l’amour ou la reconnaissance.
Si ces besoins ne sont pas comblés, cela peut devenir une blessure rouverte à chaque fois que l’on est confronté à ces désirs non satisfaits.
🔗Est-ce que tout attachement est douloureux ?
Tout attachement n’est pas forcément douloureux.
Un attachement sain, comme une relation sécurisante, peut apporter joie, sens et soutien émotionnel/psychique.
Le problème vient de l’attachement rigide — lorsque l’on s’y accroche désespérément ou que l’on
s’attache à une illusion.
Certaines traditions, notamment le bouddhisme, insistent sur le fait que la libération de la souffrance passe par le lâcher-prise — non pas en rejetant l’amour ou la joie, mais en abandonnant l’avidité, l’illusion de permanence, et le besoin de tout contrôler.
🔗Comment faire face à la douleur de l’attachement ?
- La conscience : reconnaître quand on s’accroche trop fort.
- La pleine conscience : observer ses émotions sans s’y laisser submerger.
- L’introspection : se demander quel besoin cet attachement essaie de combler.
- La compassion : pour soi et pour les autres, en traversant la complexité de l’humain.
- Le lâcher-prise : non pas fuir l’amour ou la connexion, mais relâcher la crispation, accepter le changement.
🔗Attachement et vacuité
La vacuité spirituelle, dans le contexte du bouddhisme et d’autres spiritualités orientales, est l’absence d’existence propre ou indépendante des choses. Elle n’implique pas une absence de sens ou de valeur, mais plutôt une reconnaissance que rien n’existe de manière autonome et permanente.
Cette notion met en lumière l’interdépendance de toutes choses et des individus, soulignant que
tout est lié et évolue constamment.
La vacuité spirituelle est aussi un état qui peut être atteint par la méditation, permettant de
dissiper les concepts erronés sur la nature des phénomènes et de libérer l’esprit des attachements.