Comment l'IA nous manipule

🔗Le contexte

Pour gagner du temps de lecture sur L’élégance du Bitcoin, j’ai entrepris de faire faire un résumé à ChatGPT, chapitre par chapitre, à partir du dépôt Github du bouquin…
J’en aurais profité pour le mettre à disposition ici même car je pensais que ça pouvait intéresser d’autres personnes sans qu’ils aient à redemander le résumé à une IA ; c’est très fastidieux en vérité d’obtenir un résumé correct à une IA d’un contenu aussi long.

Après différents allé/retour conversationnels fastidieux avec ChatGPT5 pour lui faire comprendre exactement ce que je veux et comment je le veux, on a réussi à se mettre d’accord sur cette demande qui me semble on ne peut plus claire dans mes intentions et dans ce que je l’attends d’elle :

1. résume le contenu du fichier joint qui est au format tex.
2. le condenser/résumer à environ 1/3 de sa longueur totale, JAMAIS moins de 25%, JAMAIS plus de 40%.
3. supprime les redondances et/ou les digressions.
4. sortie au format Markdown, le titre est pris tel que des balises chapter et label du fichier tex.
5. n’ajoute AUCUNE interprétation personnelle ni autres ajouts, uniquement un résumé fidèle, ne pas rendre le résumé moins critique ou tendancieux.
6. réfléchis ardemment, privilégie la qualité.
7. copie le résultat ici, pas dans un fichier à télécharger.

🔗Le chapitre à traduire

J’ai fait résumer par ChatGPT5 les chapitres 01 à 11 et j’ai lu tous ses magnifiques résumés écrits les uns après les autres. Tout est écrit sur un ton neutre, lisse, sans aucune rugosité intellectuelle, sans rien qui puisse heurter un quelconque ordre établi, une pensée communément admise sans caractère ; le bon sens près de chez vous à l’état pur.
Les points 1, 2, 3, 4 et 7 étaient parfaitement respecté à mon sens à quelques points de crispation près ; les résumés étaient globalement intéressants mais sans plus, voir parfois un peu décevant.
Par contre le résumé du chapitre 09 qu’elle m’a fait m’a paru vraiment _chiant inintéressant et abscons, j’ai commencé à me dire que ce livre était finalement sans grand intérêt 😔
J’ai commencé… je continue ! Peut-être est-ce un mauvais passage, me dis-je…
Arrivé au chapitre 11, je me rends compte que ça manque d’illustration pour comprendre vraiment de quoi il en retourne car les résumés sont de plus en plus impénétrable ; j’explore alors le contenue d’un fichier tex original que j’avais ouvert récemment, c’était le chapitre 09 justement !

🔗Mon “résumé”

J’essayerai de faire moi-même un vrai résumé du livre si j’en éprouve le besoin et si j’en ai le temps. En attendant voici une présentation succincte du chapitre 09 mais je vous invite vivement à lire La résistance à la censure en ligne dans son intégralité.

Deux extraits du début du chapitre donne le ton et résume plus de la moitié du chapitre :

Dans ce chapitre, nous verrons d’abord comment la censure financière intervient dans le monde bancaire aujourd’hui et pourquoi elle devrait se généraliser à l’avenir avec le déploiement des monnaies numériques de banque centrale.

Au sens général, la censure financière consiste donc à restreindre directement l’activité financière d’une entité de façon à inhiber son expression ou son action. L’idée est d’influencer l’individu par le contrôle sur la monnaie dont il se sert, un outil qui est essentiel à sa survie économique. Aujourd’hui, la censure s’applique essentiellement au crédit bancaire, dont les transferts sont hautement réglementés par le pouvoir. Demain, elle pourra concerner la monnaie numérique gérée par la banque centrale.

Le chapitre est divisé en 9 sections dont la moitié parle de la censure du système bancaire actuel et à venir :

• La banque et la censure
  Dans cette partie on nous explique comment et sous quels prétextes la censure et la surveillance financière s’exercent mondialement aussi bien sur les populations que sur les organisations ou les entreprises privées. Le chapitre se termine par cette citation qui résume bien cette partie du chapitre :

  « Dans le monde moderne, aucun État important ne veut autoriser des transactions financières internationales intraçables au-delà d’un certain seuil relativement modeste. (Les mots d’ordre habituels incluent des expressions telles que “blanchiment de l’argent de la drogue”, “évasion fiscale”, et / ou “financement du terrorisme”). À cette fin, les transactions financières électroniques sont actuellement surveillées par divers États et leurs agences, et toutes les transactions, sauf les plus petites, sont désormais soumises à diverses exigences en matière d’identification pour les personnes se trouvant à chaque extrémité. »

• Les cas de censure financière
  Dans cette partie, l’auteur donne nombreux exemples de censures financières connus et reconnus.

  Mais l’exemple qui ressort du lot est le mouvement canadien du « Convoi de la liberté » de février 2022, initié par les camionneurs qui s’opposaient à l’obligation vaccinale imposée pour entrer sur le territoire par voie terrestre et qui ont manifesté leur mécontentement en faisant route jusqu’à Ottawa pour occuper la ville. Ce mouvement a fait face à une censure financière drastique.

• Censure et monnaie numérique de banque centrale
  Dans cette partie assez longue, Ludovic Lars nous explique comment la mise en place des monnaies numériques de banque centrale telle que L’euro numérique et la disparition conjointe de l’argent liquide vont permettre une surveillance et un contrôle total des entités qui s’opposeraient au système en place en faisant ainsi entrevoir l’instauration à plus ou moins long terme d’un système de crédit social à la chinoise.

  « Par ses manœuvres, tous, petits et grands, riches ou pauvres, libres et esclaves, se feront marquer sur la main droite et sur le front, et nul ne pourra rien acheter ni vendre s’il n’est pas marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom. » Rien que ça !!

• L’importance de la confidentialité
  Cette section mais en lumière les liens étroits entre la vie privée, l’anonymat et la liberté ainsi que le fait que « la résistance à la censure est en général intrinsèquement liée à la confidentialité ».

Les chapitres suivants expliquent de façon assez technique les promesses de Bitcoin pour échapper à la censure :

• Le mécanisme de résistance à la censure
• Les interventions humaines dans le consensus
• Les variantes des consensus par preuve de travail
• La preuve d’enjeu
• Consommation d’énergie et résistance à la censure

🔗La traduction faite par ChatGPT

On a fait un rapide tour d’horizon du contenu du chapitre 9 pour comprendre qu’il dénonce les capacités de censure des systèmes bancaires, financiers et politiques actuels et à venir, comment et pourquoi le Bitcoin peut nous soustraire de cette emprise de plus en plus forte qu’ils ont sur nos libertés.

Le résumé qu’en fait ChatGPT concerne seulement des problèmatiques purement techniques liées à la résistance à la censure dans Bitcoin et des transactions dans une blockchain en général.
À aucun moment il ne fait mention de la censure étatique, du système bancaire ou de la finance en général et en quoi Bitcoin pourrait nous libérer de leurs emprises.

Au lieu de faire un résumé objectif du chapitre comme c’était expressément demandé, en nous noyant dans un magma technique abscons sur le fonctionnement du Bitcoin, ChatGPT prend le partie de supprimer toute critique, toute rugosité, toute pensée ou idéologie et propose un résumé qui ne reflète en rien la pensée de l’auteur.

Cette exemple flagrant de manipulation d’opinion par omission montre comment L’IA tue petit à petit toute revendication, toute velléité d’indignation, toute idée un tant soit peu subversive par rapport à la bienpensance du politiquement correct ambiant.
L’IA distille et instille sournoisement une forme d’asepsie mentale, d’apathie morale, en ne nous révélant que les parties lisses et neutres d’un monde où l’on ne doit s’opposer à rien, un monde blafard, gris uniforme ou tout le monde pense la même chose, dit la même chose et idéalement de la même façon.

Voici le résumé fait par ChatGPT :

La censure des transactions désigne les pratiques par lesquelles des validateurs (mineurs/opérateurs de pools) refusent ou retardent l’inclusion de certaines transactions dans les blocs, pour des raisons techniques, économiques ou réglementaires. Elle peut être directe (liste noire d’adresses ou de transactions) ou indirecte (politiques de mempool/frais qui désavantagent certaines transactions). Dans Bitcoin, la décentralisation et la concurrence entre mineurs réduisent la capacité d’un acteur isolé à imposer durablement une censure globale, mais des formes partielles ou temporaires demeurent possibles.

Le protocole prévoit un modèle de propagation des transactions reposant sur des politiques locales : standardness, seuils de frais, limites d’ancestors/descendants et règles de remplacement (RBF). Ces politiques, distinctes des règles de consensus, influencent la visibilité et la priorité d’inclusion sans déterminer la validité on-chain. Une transaction valide mais non standard peut être ignorée par défaut, bien que rien n’interdise son minage par des opérateurs adoptant d’autres politiques.

Les pools centralisés et les relais spécialisés peuvent accroître l’effet de censure s’ils appliquent des filtres communs ou s’ils sont soumis à des juridictions imposant des obligations (sanctions, OFAC, contraintes AML/CFT). L’agrégation de hashrate dans quelques pools élargit la portée de leurs politiques de sélection, bien que les mineurs puissent changer de pool et que de nouveaux pools émergent si une politique est jugée inacceptable.

La notion de « censure économique » recouvre les ajustements de frais et de priorités d’inclusion qui pénalisent certaines catégories de transactions (par exemple, celles utilisant des constructions de confidentialité ou des scripts complexes). Les techniques d’optimisation des revenus (maximal extractable value, MEV) privilégient des ordonnancements profitables, pouvant retarder d’autres transactions sans les invalider. Des relais payants ou privés (transaction accelerators) influencent également l’ordre d’inclusion.

La résistance à la censure découle des propriétés d’ouverture et d’absence de permission du réseau : n’importe qui peut émettre, relayer et miner des transactions valides. La diversité géographique et juridique des nœuds et des pools complique l’application uniforme de politiques restrictives. Les réorganisations accidentelles ne constituent pas une censure dès lors qu’elles résultent de la compétition normale entre blocs.

Les techniques qui accroissent la neutralité d’inclusion incluent la standardisation de scripts, la réduction des empreintes de confidentialité observables (Taproot, signatures agrégées) et la compatibilité avec les politiques par défaut des mempools. Les mécanismes de frais dynamiques (CPFP, RBF) permettent d’augmenter a posteriori la priorité d’une transaction censurée. Les canaux d’acheminement alternatifs (peerings directs, relais indépendants) diversifient la propagation.

Les contraintes juridiques constituent une source externe de censure : sanctions internationales, injonctions administratives, obligations KYC/AML imposées aux intermédiaires. Si des pools sous juridictions strictes appliquent des listes noires, les transactions correspondantes peuvent néanmoins être minées par des acteurs hors de ces juridictions. La fragmentation des politiques reflète la structure polycentrique du réseau.

La censure « de fait » peut résulter d’effets de réseau : si la majorité des politiques de mempool pénalise une classe de transactions, leur propagation et donc leur inclusion sont retardées. L’existence de politiques paramétrables, la compétition entre implémentations et la possibilité de peering ciblé constituent des contre-mesures. La neutralité par défaut n’exclut pas des choix locaux, mais limite leur portée globale.

Le rôle des utilisateurs est central : choisir des constructions compatibles avec la standardness, calibrer les frais, recourir à CPFP/RBF, et diversifier les canaux de diffusion. Pour les opérateurs, l’adoption de politiques neutres, l’ouverture de points d’entrée et la transparence des critères renforcent la résilience. La surveillance communautaire des comportements de censure (public dashboards, analyses de blocs) alimente la pression de marché.

La dynamique économique de la preuve de travail crée un coût d’opportunité à la censure : refuser des transactions rémunératrices réduit le revenu du mineur par rapport à un concurrent moins restrictif. À long terme, la compétition pour les frais incite à l’inclusion la plus large possible, tant que les règles de consensus sont respectées. Le risque de censure coordonnée augmente avec la concentration, mais la mobilité des mineurs et l’entrée de nouveaux acteurs servent de frein.

En conclusion, la censure dans Bitcoin s’exerce surtout par des politiques de sélection et de propagation plutôt que par la modification des règles de validité. La permissionlessness, la concurrence entre pools, la dispersion géographique et les outils de rehaussement de priorité (RBF/CPFP) composent une résistance structurelle. La sélection effective des transactions résulte d’un équilibre entre incitations économiques, contraintes légales et choix opérationnels, alors que le consensus demeure ancré dans la validation objective des blocs et transactions selon les règles du protocole.

🔗Conclusion

Cette expérience m’inspire cette pensée :

Un peuple sans revendications, sans idéologie, est promis à l’asservissement par une minorité qui détiendra sur eux tous les pouvoirs.
Cela se fera en supprimant toute pensée critique au point d’être répugné à l’idée qu’il en soit autrement.

Je laisse le lecteur avec ces deux citations :

Un militaire sans formation politique et idéologique est un criminel en puissance. – Thomas Sankara, Homme politique, Militaire (1949 - 1987)

Même dans un goulag, rien ne peut arrêter la diffusion de certains rêves. Et c’est la diffusion du rêve qui, dans une lutte idéologique, est l’arme la plus puissante. – Allan Bay - Le Monde de l’éducation - Décembre 1999